Les avancées dans la prise en charge des cancers bronchopulmonaires : ce qui change pour le réanimateur
Advances in the Management of Lung Cancers
1
Unité d’oncologie thoracique, service hospitalo-universitaire de pneumologie–physiologie, pôle thorax et vaisseaux, CHU Grenoble-Alpes, avenue Maquis-du Grésivaudan, F-38700 La Tronche, France
2
Faculté de médecine, université Grenoble Alpes, 23 avenue Maquis du Grésivaudan, F-38700, La Tronche, France
3
Service de médecine intensive réanimation, CHU Grenoble-Alpes, F-38000 Grenoble, France
4
Inserm U1042, université Grenoble-Alpes, HP2, F-38000 Grenoble, France
a e-mail : jpinsolle@chu-grenoble.fr
b e-mail : nterzi@chu-grenoble.fr
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Le cancer bronchopulmonaire (CBP) est la première cause de mortalité par cancer en France et dans le monde, mais son pronostic tend à s’améliorer depuis une dizaine d’années grâce à de nouvelles classes de traitements : l’immunothérapie et les thérapies ciblées. L’immunothérapie stimule le système immunitaire afin d’engendrer une réponse antitumorale. Ces molécules peuvent être prescrites chez la plupart des patients avec un CBP non à petites cellules (CBNPC) métastatique et entraînent parfois des réponses tumorales majeures et durables pouvant dépasser les 24 mois. Toutefois, cette efficacité concerne entre 20 et 50 % des patients selon la ligne de traitement. Les thérapies ciblées sont des traitements oraux visant les cellules tumorales porteuses d’anomalies génétiques spécifiques (addictions oncogéniques) et intéressent moins de 15 % des patients avec CBNPC, majoritairement les non-fumeurs. Les deux principales sont les mutations du gène de l’epithelial growth factor receptor (EGFR) et les réarrangements d’anaplastic lymphoma kinase (ALK). Ces anomalies peuvent être diagnostiquées en quelques jours, parfois sur un prélèvement sanguin (biopsie liquide pour détecter les mutations EGFR). Les thérapies ciblées améliorent la survie globale des patients dont la médiane dépasse les 30 mois. Toutefois, ces deux classes de traitement entraînent des toxicités spécifiques, fréquentes mais souvent bénignes. Les hospitalisations en réanimation des patients porteurs de CBNPC sont croissantes. L’amélioration du pronostic de ces patients est à prendre en compte lors de la discussion d’admission en réanimation sans conduire à des prises en charge déraisonnables.
Abstract
Lung cancer is the first cause of death from cancer in the world. For 10 years, its prognosis has improved due to new therapeutic classes as the immunotherapy or targeted therapy drugs. The immunotherapy stimulates the immune system which induces an antitumor immune response. These drugs can be used in all patients with an advanced non-small cell lung cancer (NSCLC) and can lead to durable tumor responses longer than 24 months. However, only 20–50% of patients respond to these treatments. Targeted therapies are oral drugs used in advanced NSCLC with molecular aberrations as epithelial growth factor receptor (EGFR) mutations or anaplastic lymphoma kinase (ALK) rearrangements. These alterations are reported in 15% of patients with advanced NSCLC, mainly nonsmokers. This molecular diagnosis can be quickly performed and, sometimes, obtained by blood tests (liquid biopsy for EGFR mutations). Targeted drugs improve overall survival of patients with a median of 30 months. However, immunotherapy and targeted therapies involve specific toxicities which are common but often benign. Intensive care unit (ICU) admissions for patients with NSCLC increased over time. Due to prognosis improvement of these patients, ICU admissions should be discussed, avoiding unreasonable care.
Mots clés : Cancer pulmonaire / Immunothérapie / ALK / EGFR / Réanimation
Key words: Lung cancer / Immunotherapy / ALK / EGFR / Intensive care
© SRLF et Lavoisier SAS 2019