Infectieux
Épidémiologie des candidoses invasives en France
Invasive Candidiasis Epidemiology in France
1
Service de réanimation médicale, CHU François-Mitterrand, 14, rue Gaffarel, F-21000 Dijon, France
2
Laboratoire de parasitologie-mycologie, CHU François-Mitterrand, plateau technique de biologie, rue Angélique-de-Coudray, F-21000 Dijon, France
* e-mail : pierre-emmanuel.charles@chu-dijon.fr
Reçu :
7
Décembre
2015
Accepté :
5
Février
2016
L’incidence des infections invasives liées aux levures du genre Candida est croissante en France, mais il s’agit toujours d’infections rares lorsque l’ensemble des patients de réanimation est considéré. Il existe néanmoins des populations à risque au sein desquelles la prévalence de l’infection est comprise entre 10 et 20 %. Candida albicans reste l’espèce la plus souvent isolée, dans 50 à 70 % des cas selon les études. Les critères cliniques combinés à des facteurs plus spécifiques tels que la colonisation multifocale par Candida sp. et l’exposition aux antibiotiques permettent de mieux identifier ces populations, avec néanmoins une valeur prédictive positive très insuffisante. Il existe de plus des profils de malades que l’on échoue à repérer par ces critères avant l’établissement du diagnostic mycologique. Il en résulte un usage souvent inapproprié des antifongiques, souvent prescrits avec retard ou de façon inopportune chez les patients de réanimation. C’est ainsi que l’on explique, du moins en partie, la persistance d’une mortalité élevée, comprise entre 40 et 60 %, malgré la mise à disposition de molécules antifongiques efficaces. De plus, le contrôle de la source de la candidémie semble être déterminant pour le devenir du patient. Le développement de nouveaux outils diagnostiques devrait permettre d’améliorer l’identification précoce des patients présentant une candidose invasive en réanimation, et permettre d’espérer une réduction de la mortalité de cette pathologie infectieuse.
Abstract
Invasive candidiasis is increasingly encountered in the French intensive care units (ICUs) but notably, these are still infrequent infections since the reported incidence rates are around 1%. However, some subgroups of patients with greater risk reaching 10–20% have been described. Candida albicans remain the most isolated species in France, accounting for 50–70% of the reported episodes. Risk factors for developing invasive Candida infection have been well described so far. However, we still fail to identify reliably the ICU patients with the highest risk, leading to antifungals overuse and delayed therapy as well. This latter point could account at least in part for the lack of outcome improvement of the patients with yeast invasive infection. Actually, mortality rates remain as elevated as 40–60%, despite highly active drugs. New diagnosis tools, yet available or still under development, will hopefully in the next future allow us to identify earlier and more accurately patients with ongoing Candida infection, leading in turn to better outcome.
Mots clés : Candida / Candidémie / Antifongique / Épidémiologie
Key words: Candida / Candidemia / Antifungals / Epidemiology
© SRLF et Lavoisier SAS 2016