Défaillance rénale chez le patient infecté par le VIH
Renal Failure in HIV-infected Patient
Service de réanimation médicale, hôpital de la Source, centre hospitalier régional d’Orléans, 14, boulevard de l’Hôpital, F-45100 Orléans, France
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francois.barbier@chr-orleans.fr
Reçu :
27
Mai
2015
Accepté :
22
Juillet
2015
La défaillance rénale est fréquente chez les patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) hospitalisés en réanimation. L’amélioration de l’espérance de vie des malades traités par antirétroviraux (ARV) est associée à une prévalence croissante de l’insuffisance rénale chronique (IRC) dans cette population, compte tenu d’une exposition plus fréquente et plus prolongée aux comorbidités à risque rénal (notamment hépatiques et cardiovasculaires) et de la néphrotoxicité tardive de certains ARV. L’incidence de l’HIV-associated nephropathy (HIVAN) et des autres atteintes rénales directement liées au VIH ou au syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) tend parallèlement à diminuer. Par ailleurs, la survenue d’une insuffisance rénale aiguë (IRA) à l’admission ou au cours du séjour concerne un à deux tiers des patients et augmente significativement le risque de décès en réanimation et d’évolution ultérieure vers l’IRC. Le sepsis et l’administration de médicaments néphrotoxiques sont les principales causes d’IRA dans ce contexte. La ponction-biopsie rénale doit être discutée en cas d’IRA organique sans étiologie confirmée par méthodes non invasives, en particulier lorsque le tableau est évocateur de néphropathie glomérulaire. Enfin, en l’absence de données, la gestion des ARV reste problématique chez les patients de réanimation avec fonction rénale instable : cet aspect essentiel de la prise en charge doit faire l’objet de travaux prospectifs spécifiques.
Abstract
Renal failure is common in human immunodeficiency virus (HIV)-infected patients admitted to the intensive care unit (ICU). Improved life expectancy in patients receiving combination antiretroviral therapy (cART) is associated with an increasing prevalence of chronic kidney diseases (CKD) in this population, as a result of extended exposure to comorbidities that may impair renal function (including hepatic and cardiovascular diseases) and late nephrotoxic effects of certain cART regimen. Meanwhile, a decreasing trend is observed in the incidence of HIV-associated nephropathy (HIVAN) and other kidney diseases directly related to HIV infection or the acquired immunodeficiency syndrome. Acute renal failure (ARF) is present upon admission or occurs during the ICU stay in one to two-thirds of patients, and significantly increases the risk of ICU death and subsequent progression to CKD. Sepsis and exposure to nephrotoxic drugs are the main causes of ARF in this context. Renal biopsy should be discussed in each ARF episode when non-invasive methods failed to identify the underlying nephropathy. Lastly, since published data are dramatically lacking, the management of cART remains challenging in critically ill patients with altered renal function. This crucial aspect of intensive care in HIV-infected patients should be the focus of further prospective works.
Mots clés : VIH / Syndrome d'immunodéficience acquise / Traitement antirétroviral / Ténofovir / Insuffisance rénale chronique / Insuffisance rénale aiguë / Néphropathie associée au VIH / Réanimation / Épuration extrarénale / Biopsie rénale
Key words: Acquired immunodeficiency syndrome (AIDS) / Antiretroviral therapy / Tenofovir / Chronic renal failure / Acute renal failure / HIV-associated nephropathy / Intensive care / Renal replacement therapy / Kidney biopsy
© SRLF et Lavoisier SAS 2015