Dossier
Voies veineuses périphériques et risque d’infections acquises en réanimation
Peripheral Venous Catheters and Risk of Intensive Care Unit-Acquired Infections
1
AP-HP, hôpital Louis Mourier, service de réanimation médicochirurgicale, 178 rue des Renouillers, F-92700
Colombes, France
2
INSERM, IAME, UMR 1137, F-75018
Paris, France
3
Univ Paris Diderot, IAME, UMR 1137, Sorbonne Paris Cité, F-75018
Paris, France
* e-mail : jonathan.messika@lmr.aphp.fr
Reçu :
19
Janvier
2015
Accepté :
2
Mars
2015
Plus de la moitié des patients hospitalisés sont porteurs d’un cathéter veineux, le plus souvent périphérique. Sa mise en place aisée et rapide permet l’administration des traitements et des solutés de remplissage. La complication principale des cathéters veineux périphériques (CVP) est l’inflammation locale au point d’insertion. Le diagnostic de la thrombophlébite sur CVP repose sur la présence de signes inflammatoires locaux (rougeur, œdème, douleur). En raison du caractère subjectif de ces signes, la fréquence des thrombophlébites varie dans la littérature entre 5 et 42 % des CVP. Les infections documentées sur CVP (cellulites, abcès locaux ou bactériémies) sont bien plus rares, avec des critères diagnostiques microbiologiques, représentant 0, 08 à 0, 2 % des CVP. Les facteurs de risque d’infection de CVP sont nombreux, se distinguant en facteurs liés au CVP (matériau utilisé, durée de cathétérisme), aux traitements perfusés, au patient (capital veineux, site de pose…) et aux soins (expérience de l’opérateur, hygiène des mains, antisepsie cutanée, pansement, surveillance et éducation…). Certains de ces facteurs de risque sont accessibles à des mesures de prévention. Bien que rares, les complications infectieuses liées aux CVP doivent être mises en perspective avec le nombre important de CVP posés au sein d’un établissement et leur responsabilité doit être systématiquement recherchée devant toute fièvre, tout état septique grave dont l’origine n’est pas univoque ou toute bactériémie inexpliquée. Comme pour chaque dispositif invasif, le maintien d’une voie veineuse périphérique doit être justifié, et son retrait effectué dès que possible.
Abstract
More than half of hospitalized patients undergo venous catheterization, mostly peripheral. Simplicity and rapidity of its insertion allow the prompt administration of treatments and fluids. The main complication of peripheral venous catheters (PVC) is local inflammation at the insertion site. Thrombophlebitis diagnosis is based on the presence of local inflammation (soreness, swelling, pain). Because these signs are subjective, frequency of thrombophlebitis reported in the literature varies between 5 and 42 % of CVPs. True CVP infections (cellulitis, bacteraemia or local abscesses) are uncommon, require microbiological diagnosis criteria, and account for 0.08 to 0.2 % of CVPs. Their numerous risk factors are related either to the CVP (material used, catheterization time), the treatments infused, patients (venous capital, catheterization sites...), or the caregiver (expertise, hand hygiene, skin care, dressing, monitoring and education...). Some of these risk factors are accessible to preventive measures that are necessary to reduce numbers of CVP-related infectious events. Although rare, CVP’s infectious complications should not be overlooked considering the vast amount of CVP inserted at an institution level. CVP responsibility must be systematically raised in case of fever or severe sepsis whose origin is not univocal or of unexplained bacteraemia.
Mots clés : Infection nosocomiale / Cathéter périphérique / Facteur de risque / Prévention
Key words: Nosocomial infection / Peripheral catheter / Risk factor / Prevention
© SRLF et Lavoisier SAS 2015